Il existe toutes sortes de phobies. La claustrophobie, l’agoraphobie, l’arachnophobie et bien d’autres. Mais avez-vous déjà entendu parler de la kinésiophobie? Pourtant, plus de la moitié des gens ayant une douleur chronique ont une kinésiophobie! Et puisque presque tout le monde a le potentiel d’avoir au moins un mal de dos chronique dans leur vie, elle n’est pas à négliger!
Qu’est-ce que la kinésiophobie?
« Kinési- » fait référence au mouvement. Ainsi, il s’agit de la peur d’entreprendre certains mouvements. On retrouve ce comportement chez plus de la moitié des personnes atteintes d’une douleur chronique, soit une douleur qui persiste pendant plus de trois mois.
Les douleurs chroniques les plus courantes sont la lombalgie (douleur au bas du dos) et la cervicalgie (douleur au cou), ce qui signifie qu’il n’est pas nécessaire de se fracturer la jambe pour développer des comportements compensatoires. Tout le monde devrait être au courant de ce phénomène incapacitant.
Je dis bien incapacitant, car avoir peur de faire certains mouvements peut grandement impacter négativement notre capacité à faire nos tâches de la vie quotidienne. Si l’on a peur de faire une torsion du tronc par exemple, comment devrions-nous conduire un véhicule? Comment sortir efficacement le linge de la laveuse avant d’ensuite le déposer dans la sécheuse?
À ce point, il faut faire attention de bien comprendre la nuance. Je ne parle pas d’une blessure aiguë. Les premières semaines suivant une blessure, il est normal de limiter certaines actions pour favoriser la guérison. Cependant, lorsque la blessure est guérie et que la douleur persiste, il s’agit d’un autre paradigme. C’est ce que l’on appelle la douleur chronique.
Si vous avez des craintes et évitez de faire certains mouvements ou activités physiques par peur de vous blesser ou de ressentir de la douleur à nouveau, je tiens par commencer à mentionner que je comprends votre peur et qu’elle est normale à avoir. Cependant, j’aimerais aussi vous laisser avec une bonne nouvelle: il est possible de retrouver votre ancienne capacité physique! Cela ne se fait pas du jour au lendemain et il est conseillé d’être supervisé par un kinésiologue pour trouver un protocole qui vous est adapté, mais cela est certainement possible!
Le système de santé néglige beaucoup l’éducation et le soutien aux gens atteints de douleur chronique, alors ce message est très peu véhiculé. Au fait, il n’est pas rare de se faire dire le contraire, soit qu’il va falloir apprendre à vivre avec la douleur. Mais cela n’est pas toujours vrai!
Exposition graduée à l’exercice
Avec un kinésiologue, vous serez en mesure d’entreprendre un protocole d’exposition gradué à l’exercice. Il s’agit d’une méthode similaire à celle utilisée depuis des décennies par les psychologues avec d’autres types de phobies, mais adaptée à la réalité des blessures et de la douleur.
Ainsi, votre kinésiologue viendra évaluer votre capacité physique actuelle, vos objectifs, vos obstacles face à l’atteinte de ces objectifs (qu’ils soient de l’ordre du quotidien comme le travail ou du mental comme l’anxiété) et saura discuter avec vous pour établir un plan réaliste et atteignable.
Avec ce plan d’exposition gradué, vous serez amené à faire des exercices qui sont facilement exécutables tout en évitant de hausser vos douleurs. Via la pratique et la répétition, votre corps viendra se désensibiliser face à des exercices qui étaient auparavant trop difficiles ou douloureux, ce qui vous permettra de recommencer à faire des mouvements que vous étiez auparavant incapable de faire.
Avez-vous une kinésiophobie sans le savoir?
Pour savoir si une approche par exposition graduée vous est appropriée, il n’est pas nécessaire d’avoir une kinésiophobie. Si vous avez une douleur persistante, un kinésiologue pourra certainement vous aider. Cependant, il peut être difficile d’identifier si nous avons développé une peur au mouvement. Ainsi, je vous invite à lire et réfléchir si vous êtes « en accord » ou « en désaccord» aux questions suivantes. Il ne s’agit pas d’un outil officiel ou d’un moyen de vous auto-diagnostiquer, mais il consiste en un moyen de réfléchir à votre propre condition.
- J’ai peur de me blesser si je fais de l’activité physique.
- Si je faisais de l’activité physique, ma douleur serait probablement empirée.
- Les gens ne prennent pas mon état de santé assez au sérieux.
- Mon accident a mis mon corps en danger pour le reste de mes jours.
- La douleur signifie en tout temps que je me suis blessé(e).
- J’ai peur de me blesser accidentellement.
- La meilleure façon d’empêcher que ma douleur s’aggrave est de m’assurer de ne pas faire des mouvements inutiles.
- Il n’est pas prudent qu’une personne avec un état de santé comme le mien soit physiquement active.
- Je ne peux pas faire tout ce qu’une personne normale peut faire parce que j’ai plus de risques de me blesser.
Si vous êtes en accord avec plusieurs de ces questions, cela peut être un signe que vous limitez votre activité physique par peur de certains mouvements. Ainsi, il pourrait être recommandé d’entrer en contact avec un kinésiologue, même si ce n’est que pour une séance, pour voir si une approche en exposition graduée pourrait vous aider.